Potentiel de la population active

Malgré une augmentation de la population totale en Grande Région, la population active et les générations suivantes évolueront plutôt à la baisse. La part des classes d'âge des 20 à 64 ans et celle des moins de 20 ans, qui sont actuellement principalement en activité, diminuera sensiblement d'ici 2050 - une évolution qui est déjà marquée par les comportements reproductifs actuels. En effet, les générations du baby-boom sont sorties depuis longtemps de leur phase reproductive et la génération suivante de parents est moins nombreuse.

La génération du baby-boom d'après-guerre arrive de plus en plus à l'âge de la retraite et le changement démographique est présent partout. On n'a jamais compté autant de personnes de plus de 65 ans qu'aujourd'hui, et leur proportion va encore nettement augmenter dans les années à venir renforçant encore la tendance à la baisse de la population active potentielle. La couverture des besoins futurs en main-d'œuvre pourra de moins en moins se faire par le biais de la croissance démographique, mais nécessitera surtout - outre les gains de l'immigration - l'activité professionnelle croissante de groupes de personnes qui étaient jusqu'à présent sous-représentés sur le marché du travail. La question de savoir si et dans quelle mesure il sera possible de mieux exploiter le potentiel de main-d'œuvre national en intégrant davantage les jeunes sans emploi et en utilisant mieux les qualifications des femmes, des migrants et des personnes âgées sera décisive pour la maîtrise du changement démographique. Cela vaut aussi bien dans la perspective de la préservation de la main-d'œuvre qualifiée que dans celle de la répartition des charges des systèmes de sécurité sociale. En effet, à l'avenir, la population en âge de travailler devra supporter un nombre croissant de personnes sans activité professionnelle.

La part des 20-64 ans dans la Grande Région a baissé de 1,1 pp entre 2000 et 2020 pour atteindre 58,8 %. Cette tendance va encore s'accentuer dans les prochaines années : en 2050, la tranche d'âge des 20-64 ans ne devrait plus représenter que 53,4 % de la population totale de la Grande Région - en 2020, elle en représentait encore presque deux tiers. Selon les estimations actuelles, la population active potentielle s'élèvera à environ 6,4 millions en 2050, soit près de 390 000 personnes de moins qu'en 2022.

La population active potentielle diminuera de 5,8 % dans la Grande Région d'ici 2050, avec toutefois de nettes différences au sein des régions partenaires : La Sarre enregistrera la plus grande perte (-21 %, 2022-2050). La Lorraine pourrait subir des baisses allant jusqu'à 11 %, la situation est similaire en Rhénanie-Palatinat, qui peut s'attendre à une baisse de 8 % de la tranche d'âge mentionnée d'ici 2050. Des évolutions négatives sont également prévues en Wallonie et dans la Communauté germanophone de Belgique (- 4 % et -10 % de 2022 à 2050). Seul le Luxembourg peut compter sur une augmentation de près de 38 % d'ici 2046, ce qui représenterait une augmentation de 160 200 personnes âgées de 24 à 64 ans.

Un développement du potentiel de la population active dans le rouge en Lorraine et dans les régions allemandes – mais surtout en Sarre

Toutes les composantes de l’espace de coopération grand-régional ne sont pas égales face au changement démographique et donc à l’évolution future de leur potentiel d’actifs. Selon les estimations, la Sarre se retrouverait, en 2050, dans la situation la plus préoccupante concernant sa population en âge de travailler. Par rapport à 2022, elle perdrait en effet 21 % de sa population active. La majeure partie du territoire de la Rhénanie-Palatinat s’en sort à peine mieux : une baisse de la population active allant jusqu'à 18 % est prévue, comme par exemple dans le Palatinat du Sud-Ouest. Les zones situées le long du Rhin, comme les villes de Ludwigshafen et de Mayence, font exception, avec une légère augmentation du potentiel de main-d'œuvre de près de 1 %. Les régions autour de Trèves (- 8,7 %), de Trèves-Saarburg (- 7,5 %) et de Coblence (- 10,6 %) doivent également s'attendre à une diminution de la population active. Pour la Rhénanie-Palatinat entière, on s'attend à une baisse de l'ordre de 9 % d'ici 2050.

La Lorraine doit elle aussi se préparer à une baisse du nombre de personnes en âge de travailler d'une intensité similaire : moins 10,7 % jusqu’en 2050. Pour les départements de la Meuse et des Vosges, une perte supérieur à la moyenne régionale est attendue (respectivement – 23,9 % et – 20,7 %).

Légère baisse de la population active attendue en Wallonie

En moyenne, la population potentiellement active devrait reculer de 3,6 % jusqu’en 2050 en Wallonie. En effet, seulement un tiers des arrondissements prévoient une évolution positive de leur potentiel d’actifs. Les évolutions positives de l'arrondissement de Bastogne (+8,7 %), à la frontière luxembourgeoise, et de Soignies (+11,1 %) ou Waremme (+9,2 %), Le contraste est frappant avec les territoires situés plus au nord tels que Philippeville ou Marche-en-Famenne, caractérisés par des baisses du potentiel de main-d'œuvre allant jusqu'à - 16 %.  La Communauté Germanophone de Belgique devrait également subir des pertes de 9,8 % d'ici 2050.

Croissance exceptionnelle de la population active au Luxembourg pronostiquée

Avec une augmentation entre 2022 et 2046 estimée à 37,7 % à l’échelle du Grand-Duché, le Luxembourg est l’unique composante grand-régionale caractérisée par une évolution nette positive (+ 160 200 personnes), pour atteindre à la fin 2046 environ 585 000 actifs potentiels. La principale raison réside dans l’important flux migratoire vers le Grand-Duché, qui constitue depuis la fin des années 1980 un pôle d'attraction économique avec un besoin constant en main-d’œuvre. La multiculturalité et le multilinguisme du pays laissent présager une continuité dans cette tendance à l’avenir. De plus, la population étrangère a également un taux de natalité plus élevé que la population nationale, ce qui stabilise et augmente la croissance naturelle de la population. Le vieillissement de la société est ainsi ralenti et le Luxembourg pourra probablement continuer à avoir une population relativement jeune avec un potentiel de main-d'œuvre très élevé à l'avenir.