Newsletter octobre 2025
Évolution des frontaliers au Luxembourg en 2025 : un léger recul des frontaliers originaires d'Allemagne et de Belgique
En 2025, le nombre total d’actifs au Luxembourg atteint 496 500 emplois, soit une augmentation de 4 080 personnes (+ 0,8 %) par rapport à l’année précédente, avec cependant une croissance plus modérée que les années précédentes. Cette évolution s’inscrit dans un contexte économique moins favorable, marqué par un recul notable de l’emploi dans la construction (- 1400 emplois, soit - 2,9 %), et qui concerne l’ensemble des catégories d’actifs — à l’exception des résidents luxembourgeois, peu présents dans ce secteur d’activité.
Entre 2024 et 2025, on observe parmi les résidents luxembourgeois une augmentation de 2 070 emplois, dont 1 420 dans la fonction publique, secteur où ils sont largement majoritaires, avec 84,2 % des effectifs. Cette augmentation est toutefois plus faible que les trois années précédentes. En ce qui concerne les résidents non-Luxembourgeois, on ne compte qu’une progression de 290 emplois supplémentaires entre 2024 et 2025 pour l’ensemble des secteurs d’activité. Les secteurs qui ont vu leurs effectifs salariés augmenter sont les activités financières et d’assurance, les activités spécialisées, scientifiques et techniques et la santé humaine. À l’inverse, on observe un recul des emplois dans la construction (- 820 personnes, soit - 5,5 %).
En 2025, les travailleurs frontaliers occupent toujours une place importante sur le marché du travail luxembourgeois avec environ 45 % des emplois. Leur effectif a progressé de 1 720 personnes (+ 0,8 %) entre 2024 et 2025. Derrière cette croissance se cachent des évolutions contrastées selon les secteurs d’activité occupés et le pays d’origine des salariés. Ainsi, si l’on prend en compte l’ensemble des frontaliers, on observe un recul de 540 personnes (- 1,8 %) dans la construction, ce qui vient confirmer la tendance négative structurelle de ce secteur depuis 2024. A l’inverse, on observe des augmentations de l’emploi dans plusieurs secteurs tels que la santé humaine (+ 950 personnes soit + 4,6 %), ou encore l’administration publique (+ 460 personnes soit + 10 %). D’autres secteurs comme l’HORECA et le transport et entreposage enregistrent des progressions toujours positives, mais à un rythme plus lent que les années précédentes.
La graphique montre l'évolution du nombre d'actifs au Luxembourg par lieu de résidence entre 2021 et 2025 :
La croissance des travailleurs frontaliers portée par les frontaliers originaires de France
Dans le détail par pays d’origine, la croissance des frontaliers au Luxembourg est portée par les frontaliers venant de France. En effet, ce sont les seuls à enregistrer entre 2024-25 une évolution positive avec 2 280 personnes (+ 1,9 %). Les hausses les plus fortes concernent la santé humaine, le transport et l’entreposage, l’HORECA et l’administration publique. Ainsi, la part des travailleurs frontaliers originaires de France parmi l’ensemble des frontaliers atteint 54,7 % en 2025, soit près de 3 points de plus qu’en 2020.
Recul des frontaliers de Belgique et d’Allemagne : une première
Les frontaliers originaires de Belgique enregistrent un léger recul de 210 personnes (-0,4 %), et ce, principalement dans la construction, les activités financières et d’assurance, et l’industrie manufacturière, ainsi que le commerce et la réparation de véhicule (- 480 emplois pour ces quatre secteurs d’activité). En revanche, on observe des hausses dans la santé et l’administration publique (respectivement + 170 et + 100 personnes).
Enfin, les frontaliers originaires d’Allemagne enregistrent également un recul de leurs effectifs avec - 350 personnes (- 0,7 %), soit une baisse plus marquée que chez les frontaliers de Belgique. Les baisses concernent surtout la construction, le commerce et la réparation automobile, et les activités financières et d'assurance (- 480 personnes). L’administration publique et l’HORECA, quant à eux, progressent de manière importante en pourcentage, mais concernent des effectifs faibles (respectivement 170 et 110 personnes). On notera enfin l’augmentation particulièrement faible par rapport aux années précédentes dans le secteur de la santé humaine avec 1,8% entre 2024 et 2025, contre plus de 4% chaque année entre 2020 et 2024.
Depuis le début des observations de ces flux par l'IBA-OIE (2003), c'est la première fois qu'il observe une baisse des travailleurs au Luxembourg en provenance de l'Allemagne et de la Belgique.
Un contexte économique moins porteur
Les incertitudes qui pèsent sur les perspectives conjoncturelles mondiales depuis le début de l’année 2025, ainsi que le redressement de l’activité plus lent que prévu pour la zone euro ont pour conséquence une situation économique dégradée, tant au sein de la zone euro qu’au Luxembourg[1]. Cela pourrait expliquer en grande partie les ralentissements observés, notamment dans certains secteurs d’activité comme la construction, et, dans une moindre mesure, dans l’industrie manufacturière. À l’inverse, l’administration publique continue d’embaucher, notamment parmi les résidents non-luxembourgeois et les frontaliers (respectivement + 240 personnes et + 460 personnes entre 2024 et 2025). En comparaison, sur la même période, ce secteur enregistre une augmentation de 1 420 emplois parmi les résidents luxembourgeois.
Enfin, même si l’on observe des reculs chez les frontaliers originaires de Belgique et d’Allemagne, il est difficile de déterminer les raisons précises à l’origine de cette inversion de tendance. La complexité de la réalité fait certainement intervenir un grand nombre de facteurs qui ne transparaissent pas au travers des données statistiques.
Note méthodologique : en raison des arrondis inhérents au comptage des emplois par l’IGSS, les évolutions relatives à de faibles effectifs (souvent inférieurs à quelques centaines) doivent être interprétées avec prudence.
[1] STATEC (2025): Note de conjoncture 1-25. https://statistiques.public.lu/fr/actualites/2025/ndc-01-25.html (28.10.2025)


